Le temps de notre innocence est révolu Comme un sommet dans les nuages À l’horizon, au regard, perdu Nos intentions souffrent d’être sage
Vient un instant visiter mon visage Tes oscillations inscrivent leurs j’ai voulu Cet échange ancre nos pages À ce port, nous nous sommes dévolu
Les lianes de mes mains sur ton corps nu Tressent pour l’éternité ton paysage Chaque courbe à jamais retenue Tel un trésor aux mille rivages
Ton extase chante sur ma vierge page Répond sa rivière en cascade déconvenue À l’unisson, chante ma langue au passage Le bourgeon de l’amour s’éveille comme tu es venu
Fini le temps de l’innocence Entre nous l’impatience Les corps, elle danse Notre concerto est transe
Je vois ton corps Comme un voile S’étendre sur mon rêve Voler au vent De mes divagations Cette peau satinée Se froisser sous les caresses
Je vois nos regards S’égarer comme nos intentions Comme des étoiles de jour Invisibles mes toujours brillantes Comme l’eau du corps Ruisselle sur le vide Des envies silencieuses
Je vois tes lèvres Me parler de toi De nous, sans dire mot Lits veloutés Ou s’étendent mes baisers Délicates et enveloppantes Elles soutirent le ruisseau de moi
Je vois nos hanches Frôler la mort de la nuit S’attiser au soir Valser des musiques sans portées Sous la clé de notre sol Où tombent nos inhibitions En un tango de passion
Vois-tu ce que je vois ? Entends-tu ce que je voix ? Joignons les passions Jouons de nos partitions Jouissons du moment moisson Et la vie, récoltons
Perdu sur un chemin connu, de pas déchus du temps solitude, je découvre une salle de réception en préparation.
Dans sa légèreté d’être, elle était là: désinvolte et affairée. Une abeille à créer des beautés pour cette festive soirée. Des regards croisés, des instants volés à l’éternité, éphémères mais bien ancrés, provoquaient le désir de s’éterniser près de cette présence enchantée.
La fête sera pour une autre âme chanceuse. Mais son éclat jailli déjà sur moi. Témoin de ces accolades amicales, visiteur que je suis, imprévu et impromptu, comme une présence invisible dans le tourbillon des fanions, mon regard désireux cherche son port. De mon rempart, puise le rivage de sa lumière. Elle perçoit l’envie mielleuse de ces lèvres désireuses.
Ses bras traversent le vide nous séparant pour venir cueillir mon désir, comme une fleur qui attend son soleil, les deux pieds dans le pré boueux du temps. Tendrement ses lèvres se déposent sur les miennes, l’accueillant avec la douceur d’une pluie chaude d’été, comme un voile calme qui s’étend en un tapis volant au-delà des nuages. Un léger recul, un regard, un accord et les visages s’approchent de nouveau, soudant ces lèvres fiévreuses. Les langues, délicatement et timidement, se font offrandes tandis que la main glisse sur la hanche, traverse la prairie pour suivre le canyon dorsal, du haut vers le bas et aux reins s’éteindre.
Les corps vibrant de cette parenthèse intemporelle, une promesse de voyage à reprendre sur un autre chemin plus velouté, sur un lit rêvé, dans une éternité inassouvie, se séparent en gardant l’essence du moment, le souffle enivré, la tête enrubannée.
Je quitte les lieux, la voyant dans sa tenue de soirée, une reine à la légèreté du papillon, ses hanches fertiles de désires, sa poitrine saillante d’assurance. Et son regard au creux de ma main, au chaud, dans l’attente d’un avenir lointain…
Je m’ennuie de nos conversations, assis face à face, debout à côté de la voiture.
De voir ce sourire et ce regard brillant, en être empatture
Cette délicate voix qui écoute, et ce regard qui discours
De ces longues heures à ne pas voir le temps futur
Je m’ennuie de parler de tout et de rien, partageant nos inconnus et incongrus
Maintenant devant le rien qui, de nos rares échanges, est devenu
Apprendre avec attention de plus en plus sur ton vécu
Et de ces paroles libérées sur le divan, te mettant à nu
Je m’ennuie aussi de ces tendres baisers délicatement posés
Assise sur mes cuisses avec ta souple légèreté
Ces lèvres posées sur les miennes avec douceur et volupté
Tout en retenu, malgré la connaissance des dérapages anticipés
Je m’ennuie de ces, à peine perceptibles, mouvements de corps
Comme une vague qui graduellement submerge le phare
Réponse à la main du moindre frôlement de l’amphore
Ondulations tisonnières enflammant notre fjord
Je m’ennuie de ce désir qui monte, incontrôlable; en perdre force
Le regard fondant dans les ruisseaux imaginés de cette entorse
Toujours bien placées, bien dosées, attentionnées, les mains font morse
Au rythme du souffle qui chamade sous les délicates amorces
Je m’ennuie de cette forte volonté de prendre le contrôle
Ta main baladeuse, racontant ses péripéties au corps qu’elle frôle
Avec aisance l’ouverture insistante d’un pantalon geôle
S’y insérant avec gourmandise et y perdre contrôle
Je m’ennuie de ce plaisir que tu t’offres par tes déhanchements
Te frottant tout contre moi, nos lèvres enchâssées en amants
Ta fougue qui rugit comme la tigresse encagée trop longtemps
Libérant ton parfum qui enivre nos sens décadents
Je m’ennuie de cette bouche relâchée à la douceur du miel
Des ces yeux roulant comme la houle nous ensorcelle
Vagues de fond, de chaleur au toucher de tes mirabelles
Vers le jaillissement incontrôlable de ces incontrôlables décibels