Corps célestes

Séparés par la nuit
Jusqu’au moment d’être …

Matinée

Elle flotte sur mes pensées telle la brume sur le lac au matin
Forme fantomatique à l’essence intangible mais parfumée de satin
Étendu sans contact, entendu silencieusement, elle est mystère
Nature blanchie de sa pureté vélique, elle inspire les souffles de l’air

Soleil

Il déverse son ardeur printanière sur la courbe de la Terre
De bras radiants tels des pinceaux colorant la vie planétaire
Brillantes ombres, vu aveuglement, il est clarté de l’ère
Chaudes caresses sur la peau, il insuffle les mouvements de l’air

Union

Ils se caressent dans une entrelacée étreinte intemporelle
Une légère danse de va-et-viens entre deux pôles aquarelles
Fresque lumineuse, silences emportés, ils sont un univers
Partenaires naturellement célestes, ils figent le temps éphémère

Fusion à n’en former plus qu’un
Pénétré dans son unicité
Augmenté de l’autre
S’étendre sur le bien de chacun

Une brume sous le soleil levant
© 2019 Benoit Champagne
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Dreaming of Jinny

Perdu sur un chemin connu, de pas déchus du temps solitude, je découvre une salle de réception en préparation. 

Dans sa légèreté d’être, elle était là: désinvolte et affairée. Une abeille à créer des beautés pour cette festive soirée. Des regards croisés, des instants volés à l’éternité, éphémères mais bien ancrés, provoquaient le désir de s’éterniser près de cette présence enchantée.

La fête sera pour une autre âme chanceuse. Mais son éclat jailli déjà sur moi. Témoin de ces accolades amicales, visiteur que je suis, imprévu et impromptu, comme une présence invisible dans le tourbillon des fanions, mon regard désireux cherche son port. De mon rempart, puise le rivage de sa lumière. Elle perçoit l’envie mielleuse de ces lèvres désireuses.

Ses bras traversent le vide nous séparant pour venir cueillir mon désir, comme une fleur qui attend son soleil, les deux pieds dans le pré boueux du temps. Tendrement ses lèvres se déposent sur les miennes, l’accueillant avec la douceur d’une pluie chaude d’été, comme un voile calme qui s’étend en un tapis volant au-delà des nuages. Un léger recul, un regard, un accord et les visages s’approchent de nouveau, soudant ces lèvres fiévreuses. Les langues, délicatement et timidement, se font offrandes tandis que la main glisse sur la hanche, traverse la prairie pour suivre le canyon dorsal, du haut vers le bas et aux reins s’éteindre.

Les corps vibrant de cette parenthèse intemporelle, une promesse de voyage à reprendre sur un autre chemin plus velouté, sur un lit rêvé, dans une éternité inassouvie, se séparent en gardant l’essence du moment, le souffle enivré, la tête enrubannée.

Je quitte les lieux, la voyant dans sa tenue de soirée, une reine à la légèreté du papillon, ses hanches fertiles de désires, sa poitrine saillante d’assurance. Et son regard au creux de ma main, au chaud, dans l’attente d’un avenir lointain…

© Julee Hutchison Voir ici
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Mère Patrie

Naviguer ses côtes
Y voir l’éternité
Vouloir y rester

Remonter la côte
Y voir sa vallée
S’y laisser avaler

Goûter l’entrecôte
Plaine veloutée
S’y perdre, déboussolé

Valser avec l’hôte
Son souffle du nord, nous guider
Ses horizons du sud, nous envoûter

Cette terre, sans fautes
Copieusement Y voyager
S’y laisser rêver

Ses chemins tortueux
Autant de beautés
Pour le regard envoûté

Ses monts, curieux
Le temps, d’y passer
Les soupires y encrer

Embrassement vertigineux
En ses bras s’évader
Sur elle, intemporelle, s’apaiser

Trouver l’essence de son éternelle beauté
Du nord au sud, à ses merveilles, s’éveiller
L’enlacer dans une étreinte de réciprocité

Être subjugué …

De soi-même être dénudé …

Vérone_modele Photo : Joostenfoto (Instagram)
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Solitude givrée

Je suis la fumée informe d’un matin brumeux
La solitude me recouvre de son manteau sombre de l’hiver froid et d’ombres absentes
Comme des fantômes du passé qui font logis de mon esprit de vagues
Errer entre les branches d’arbres dévêtus, soumis sont-ils à la glace du temps

Les attentes vaporeuses et informes de la venu d’un nouveau printemps
Pressent le temps, cet unique compagnon silencieux
Existe-il seulement encore une saison sans brume ?
Où renouveau et prairie fleurie parfumeraient cet esprit tourbillonnant sans direction

Je sens le givre figer les émotions dans un passé fini
Dessiner des fresques de souvenirs sur les quatre murs de cette cage
De froid, isoler ce coeur battant au ralenti sur un chemin raccourci
Lumière d’azur où et quand dévoileras-tu la fenêtre sur un lumineux champs infini ?

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