Je vois ton corps Comme un voile S’étendre sur mon rêve Voler au vent De mes divagations Cette peau satinée Se froisser sous les caresses
Je vois nos regards S’égarer comme nos intentions Comme des étoiles de jour Invisibles mes toujours brillantes Comme l’eau du corps Ruisselle sur le vide Des envies silencieuses
Je vois tes lèvres Me parler de toi De nous, sans dire mot Lits veloutés Ou s’étendent mes baisers Délicates et enveloppantes Elles soutirent le ruisseau de moi
Je vois nos hanches Frôler la mort de la nuit S’attiser au soir Valser des musiques sans portées Sous la clé de notre sol Où tombent nos inhibitions En un tango de passion
Vois-tu ce que je vois ? Entends-tu ce que je voix ? Joignons les passions Jouons de nos partitions Jouissons du moment moisson Et la vie, récoltons
J’ai besoin de toi Besoin de sentir tes lèvres contre mes lèvres Mes mains caressantes sur tes reins Sentir le roulis de tes hanches à leur délit
J’ai besoin de gouter ces vagues Cette fontaine qui remonte la pluie diluvienne Du plus profond de ton être en vagues de fond Alors que sur tes fesses, ma volonté d’allégresse
J’ai besoin de nos langues Sur ces peaux de jours d’été matinaux Cette verve prudente en jouissances brulantes M’essouffler sur ton antre béa
J’ai besoin de ta chaleur Ta candeur à saisir ton bonheur Le verbe gonflé pénétrant ta fleur parfumée Offrande mutuelle de moments éternels
J’ai besoin de ton désir Qui sans dire, ose renverser et saisir Ce contrôle se donner, pour mieux t’élever Dans l’apothéose délirante qui entre nous, s’impose
J’ai besoin de te dire … Alors je vais me l’écrire !
Perdu sur un chemin connu, de pas déchus du temps solitude, je découvre une salle de réception en préparation.
Dans sa légèreté d’être, elle était là: désinvolte et affairée. Une abeille à créer des beautés pour cette festive soirée. Des regards croisés, des instants volés à l’éternité, éphémères mais bien ancrés, provoquaient le désir de s’éterniser près de cette présence enchantée.
La fête sera pour une autre âme chanceuse. Mais son éclat jailli déjà sur moi. Témoin de ces accolades amicales, visiteur que je suis, imprévu et impromptu, comme une présence invisible dans le tourbillon des fanions, mon regard désireux cherche son port. De mon rempart, puise le rivage de sa lumière. Elle perçoit l’envie mielleuse de ces lèvres désireuses.
Ses bras traversent le vide nous séparant pour venir cueillir mon désir, comme une fleur qui attend son soleil, les deux pieds dans le pré boueux du temps. Tendrement ses lèvres se déposent sur les miennes, l’accueillant avec la douceur d’une pluie chaude d’été, comme un voile calme qui s’étend en un tapis volant au-delà des nuages. Un léger recul, un regard, un accord et les visages s’approchent de nouveau, soudant ces lèvres fiévreuses. Les langues, délicatement et timidement, se font offrandes tandis que la main glisse sur la hanche, traverse la prairie pour suivre le canyon dorsal, du haut vers le bas et aux reins s’éteindre.
Les corps vibrant de cette parenthèse intemporelle, une promesse de voyage à reprendre sur un autre chemin plus velouté, sur un lit rêvé, dans une éternité inassouvie, se séparent en gardant l’essence du moment, le souffle enivré, la tête enrubannée.
Je quitte les lieux, la voyant dans sa tenue de soirée, une reine à la légèreté du papillon, ses hanches fertiles de désires, sa poitrine saillante d’assurance. Et son regard au creux de ma main, au chaud, dans l’attente d’un avenir lointain…